Sortir en apnée de la salle, signer, rendre la copie. Sortir dans la rue, aspirer l'air par poignées, et marcher. Courir presque, invisible, ouvrir les yeux sur la vie qui continue d'avancer là-dehors. Courir pour prendre le bus, monter sous les reproches du chauffeur, enlever son foulard, et trouver une place. La musique qui démarre, elle est dans les oreilles et dans le ventre, loin, au fond, elle prend et fait trembler tout le corps. Se bercer dans le ciel noir qui roule et gronde, ne rien entendre mais sentir le tremblement, contempler les éclairs, comme pour la première fois, la première fois de toutes les premières fois. Naître dans l'orage, c'est comme ça que je l'aurais voulu. Au moment où se brise le nuage, hymen de pluie rompu. Sortir au moment où crève l'abcès. Et sentir les gouttes, extrême onction glissant sur le trottoir. Puis rentrer, enfin et attendre le prochain orage.
I'm just glad I've an excuse, to stay right you
b0uille
De deux choses Lune, l'autre c'est le Soleil. [ Jacques Prévert ]
b0uille
De deux choses Lune, l'autre c'est le Soleil. [ Jacques Prévert ]
Jeudi 14 mai 2009 à 20:17
Mercredi 15 avril 2009 à 21:01
J'aurais aimé être autrement. Je crois. Une sorte d'héroïne, moins fade. Un peu Antigone, un peu Juliette. Oh oui. Juliette. Passionnée, et belle aussi. C'est ça. J'aurais aimé être belle. Ou simplement jolie. Quelqu'un sur qui l'on se retourne dans la rue, quelqu'un qui fait s'allumer les yeux et les sourires. J'aurais aimé être rayonnante, une Doña Sol, femme soleil. J'aurais aimé être autrement. Peut-être plus brillante. Plus drôle aussi. J'aurais aimé être un sourire. J'aurais aimé que l'extérieur reflète les tréfonds. Parce que je ne suis pas comme ça. Tout au fond, je suis petite. Toute petite. Plus calme aussi. Je ne me ressemble pas. Et s'en est fatiguant. D'avoir le corps qui crie toute la journée qu'il n'a rien à voir avec ça. Je crois que pour moi on s'est trompé de modèle. On m'a mise dans le corps d'une fille qui n'est pas moi. Ou bien qui l'est tellement qu'elle aimerait être une autre. Je suis une contradiction. Je crois. Oui c'est ça. Une contradiction. La fille-oxymore. Tout est trop gros, trop mal défini et j'en deviens floue. J'aurais aimé être Griet. Une muse. Couchée sur la toile d'un peintre, attirant les regards des siècles plus tard. Ou une voix. S'élevant de nul part. J'aurais aimé avoir la voix de Norah Jones, et peut-être lui ressembler. Oui, lui ressembler parce qu'elle me fait tomber à la renverse. J'aurais aimé être une Rose, une Natalie, une Bella. Une héroïne à l'eau de rose. Une Lou, à qui Apollinaire aurait écrit des poèmes. Ou bien autre chose mais pas moi.
Apnée.Toutvabientoutvabien. On va attendre d'avoir senti le fond sous les pieds avant de donner une impulsion et remonter. En tout cas pour le moment, je me noie.
Compagnons des mauvais jours
Je vous souhaite une bonne nuit
Et je m'en vais
La recette a été mauvaise
C'est de ma faute
Tous les torts sont de mon côté
J'aurais dû vous écouter
J'aurais dû jouer du caniche
C'est une musique qui plaît
Mais je n'en ai fait qu'à ma tête
Et puis je me suis énervé.
Quand on joue du chien à poil dur
Il faut ménager son archet
Les gens ne viennent pas au concert
Pour entendre hurler à la mort
Et cette chanson de la Fourrière
Nous a causé le plus grand tort.
Compagnons des mauvais jours
Je vous souhaite une bonne nuit
Dormez
Rêvez
Moi je prends ma casquette
Et puis deux ou trois cigarettes dans le paquet
Et je m'en vais...
Jacques Prévert - Le concert n'a pas été réussi
Lundi 13 avril 2009 à 16:09
[ Sing it, in my ear, sweet and warm, my lullaby. ]
Ô Paques. Sous la pluie, le vent fouettant la peau. Et lui qui court dans le jardin à la recherche des mille trésors déposés par des faiseurs de rêve. Chaque arbre devient une caverne où attendent sagement les petits paquets sucrés. Malgré les embruns on sent une chaleur tiède, comme un printemps tardif qui chercherait à prendre possession de chaque brin d'herbe. Les yeux qui pétillent de remplir le grand panier d'osier. Le feu qui crépite, attendant que l'on vienne chercher un peu de chaleur auprès de lui. Les rires sonores, les rires discrets, les sourires tout simples, une journée sourires qui rayonnent dans la salle à manger. Il faut les voir ces yeux qui pétillent. Il faut entendre la musique des voix. Comme une mélodie, une berceuse. Le corps se relache un peu, signe extérieur de contentement intérieur. Et le jour décline lentement, au rythme doux des paupières. Bonheur en filigrane.
Un arbre cachette, un arbre caverne, une branche maison de bonbons.