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De deux choses Lune, l'autre c'est le Soleil. [ Jacques Prévert ]

Vendredi 18 juin 2010 à 21:20

 Comment classer autant de photos, sans une larme, sans un soupir, sans une boule au ventre  ? Moi je ne peux pas.

Note de 21h54 : Se noie dans ses souvenirs, et relis un passage de la lettre de Tancrède : " Le souvenir est le seul paradis duquel on ne peut être chassé, et le seul enfer auquel nous sommes condamnés". Jean-Luc Godart.

Note de 22h25 : Après avoir vidé une partie de cette grosse boule de larmes qui lui compressait la poitrine, elle se lève et décide de reprendre sa vie en main. Elle  a deux choix. Continuer de se recroqueviller, éviter sa chambre comme si c'était le sanctuaire de son bonheur perdu, n'avoir envie de rien et glisser lentement mais sûrement vers une tristesse aussi grosse qu'elle. Ou bien, elle peut se ressaisir, accepter que ce n'est pas facile, mais avancer toute de même, commencer par faire des choses qu'elle s'était promise de faire depuis mille ans, faire un petit pas dans sa nouvelle vie, jeter de vieux magazines, et avant tout de même, tomber sur cette phrase : " A quoi bon tâcher de résoudre des mystères insolubles et poursuivre des fantômes quand la vie est là, toute simple, sous le soleil ? " Patrick Modiano, "Fleurs de ruine". 


Jeudi 17 juin 2010 à 11:52

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Une nuit pour sceller mes paupières lourdes d'avoir trop pleuré. Une après-midi pour me rendre compte que non, mes larmes ne s'étaient pas taries, qu'elles attendaient, qu'elles se cachaient presque, persuadées que j'étais aussi forte que je le proclamais. Apparemment je ne le suis pas. Et comme un orage d'été, comme un nuage trop lourd de pluie, j'ai éclaté. Pendant des heures. J'en suis ressortie plus fragile, mais plus légère aussi. Je pense que c'était nécessaire. Plus que. Je peux reprendre ma route, recommencer à avancer. Jusqu'aux prochaines larmes, mais le temps finira par les sécher. Je le sais. J'ai beau dire que je n'ai besoin de rien. Ni de personne. Je crois que j'ai juste besoin que l'on me protège un peu. 

" Moi j'voudrais juste qu'on m'apprivoise "

Mardi 15 juin 2010 à 13:48

http://b0uille.cowblog.fr/images/P1060964.jpg " Source de peu de joie apparente mais nécessaire. " 

Depuis quand les mots avaient-ils perdu leur sens, pour que je les redécouvre à ce point maintenant. Depuis quand n'avais-je pas écouté une chanson en m'arrêtant sur chaque phrase, sur chaque intonation pour chercher à comprendre vraiment ce que cela signifiait . Il y a quelques semaines, aurais-je sourit en majuscule en entendant cette phrase de La Renarde " Si le bonheur vous laisse en berne, il peut venir du coin d'un bois." Je crois que je n'y aurais même pas fait attention. Et les phrases des livres deviennent des flambeaux. Des papillons qui me retournent le ventre, je peux écouter une chanson à m'en faire éclater les tympans, pour être sûre que le sens des mots est bien encré en moi. Il y a des moments où l'on se dit : "J'ai découvert cette chanson juste au bon moment, ou ce livre, ou ce film." Avant ils n'auraient pas eu le même impact, la même portée, on serait même peut-être passé à côté. Mais parfois le hasard fait bien les choses. 

Dimanche 6 juin 2010 à 15:40

 
http://b0uille.cowblog.fr/images/P1060731-copie-1.jpg Note d'un jour d'avril ou de mai. 

" Labyrinthique dédale de rêves, farandole de choses imaginées, mille vies à la minute. Puits sans fond de larmes pas très sèches pour coeur fébrile, à l'affut d'immensément géantes émotions, joies, petites pluies ridicules de chagrin. Petite taupe myope, apparentée petite marmotte, ou loutre sur demande, refuge dans terrier pour  passer les frimas, puis ciel étoilé pour toit, pour toi aussi. Petite fouine typée hyène rieuse, fous-rires étouffés sous une main, oeil qui pétille, il paraît. Zygomatiques à toute épreuve, pommette qui rougit quand trop timide pour répondre quoi que ce soit. Se besoin, possibilité de faire cuire oeuf sur les joues en cas de compliment surprise. Cherche soleil pour jours de pluie, pour rester s'il le veut un moment à faire la sieste sur ma peau. " 

Jeudi 3 juin 2010 à 16:33

http://b0uille.cowblog.fr/images/P1060806.jpg
Il y a des journées tellement nulles, tellement pourries que l'on a l'impression que c'est presque un rêve. Des journées où l'on ne sait même plus exactement combien de fois on a pleuré, combien de fois on a tenté de se ressaisir, pour se rendre compte que l'on ne pouvait pas être forte tout le temps. Quand dès les premières minutes du réveil les yeux sont encore embués d'un cauchemar ou ses yeux pleins de mépris se plantent dans les miens, me montrant que tout ceci est de ma faute, que je ne sais faire que du mal aux gens. Et le reste de la journée qui s'électrise, qui se moque presque, avec un soleil éclatant. Et tout qui s'enchaîne, me tordant le ventre et me laissant toujours les larmes aux yeux, de tristesse, de colère, d'incompréhension.  Quand dès l'aube on sait que ce sera une journée "sans", avec quelques heures de sommeil douloureux. J'ai retrouvé mes insomnies. Elles ne me quittent pas vraiment, elles me martèlent, heures après heures, elle me rappellent ce que je suis, et où je ne vais plus. Et surtout avec qui.

J'ai hâte d'être à ce week end, redevenir insouciante, faire comme si rien ne m'importait vraiment, être légère à l'excès, volatile au possible. Parce que même si je ne suis jamais sérieuse, je ne peux pas faire autrement pour sortir la tête de l'eau. C'est ce que j'aurais aimé lui dire. Que ce n'est pas que je ne veux pas, mais que je ne peux pas, que si je reste trop impliquée je ne m'en sortirai pas, que c'est déjà dur de se faire rappeler à l'ordre chaque nuit par mon inconscient. Et que mes journées ne sont qu'un été sans fin, de peur que mes pensées ne reprennent leur bout de chemin un peu trop vite. 

Il y a des journées où l'on ne peut même pas se dire que l'on aurait préféré rester couchée, parce qu'on était mal même dans le doux coma du sommeil. Parce qu'aucun endroit ne convenait, et que la seule chose qui aurait pu être une alternative était de se rouler en boule dans un coin et se dire que rien n'était vraiment grave.

Il y a des journées où l'on n'est bien nulle-part. 

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